Après la publication de plusieurs bandes dessinées et roman, vous avez décidé de vous lancer dans l’écriture et l’illustration de livres pour enfants. Pourquoi ?

Claire Le Men : J’ai toujours été intéressée par l’univers du livre jeunesse, mais c’est encore une fois autour d’un projet d’abord personnel que je me suis lancée. En 2020, je devais dessiner des monstres pour une conférence dessinée au musée d’Orsay dans le cadre de l’exposition « Au pays des monstres. Léopold Chauveau (1870 – 1940) ». J’ai découvert à cette occasion l’univers merveilleux de ce chirurgien de formation qui était aussi un artiste autodidacte et complet : à la fois sculpteur, auteur et illustrateur de livres pour enfants et adultes… Il a créé tout un monde imaginaire peuplé de créatures étonnantes, des monstres pas forcément effrayants qu’il dessinait parfois pour amuser ses enfants ou qui semblaient d’autres fois surgir de son inconscient. Chauveau m’a donné le goût de dessiner des monstres, par le biais de cette conférence qui n’eut finalement jamais lieu puisque le covid est arrivé avec son premier confinement qui a tout suspendu pendant un printemps un peu irréel. C’est la rencontre improbable de cet isolement printanier et de l’univers monstrueux de Chauveau qui m’a donné envie d’imaginer la forme que prendraient les fleurs si elles étaient personnifiées en créatures imaginaires. C’est ensuite devenu une série d’histoires et de dessins de « monstrenfleurs » que je postais régulièrement sur Instagram, et qui était à la fois un exercice d’observation, de documentation et d’imagination. Cela m’a permis de m’intéresser aux fleurs communes que je ne connaissais que de loin et d’en apprendre plus sur la botanique de façon ludique et créative. J’ai continué (et je continue !) cette série et on m’a plusieurs fois suggéré d’en faire un livre pour enfants. C’est donc ce projet et cette démarche qui sont à l’origine de mon premier livre jeunesse, Monstres en fleurs, paru en 2024 aux éditions Helvetiq.

Comment vos débuts se sont-ils déroulés dans le monde de la littérature enfantine ?

Claire Le Men : Comme pour mes débuts dans le monde de la BD ou celui de la littérature, c’était difficile de trouver un éditeur. Contrairement à ce que j’avais imaginé, ces mondes ne sont pas vraiment poreux et le fait d’avoir publié trois romans graphiques et d’avoir signé mon premier contrat en littérature pour Le non-événement (Gallimard, 2024) ne m’a pas particulièrement facilité la tâche en littérature jeunesse. Je garde un assez mauvais souvenir du Salon du livre jeunesse de Montreuil de 2023, où j’étais allée à la rencontre d’éditeurs pour leur parler de mon projet et leur donner un petit livret de présentation des « monstrenfleurs ». L’impression soignée de ce petit book m’ayant coûté très cher, je n’en avais qu’une dizaine et j’avais trié sur le volet les éditeurs auxquels j’envisageais de donner cet objet précieux, mais je n’ai finalement pas réussi à tous les distribuer, car la plupart des éditeurs refusaient même de le prendre. En y repensant, c’était assez comique : je m’approchais d’un stand et ils venaient vers moi, souriants et avenants, pensant que j’étais une potentielle acheteuse. Leurs manières cordiales laissaient vite place à une expression de dégoût et d’embarras lorsqu’ils comprenaient que j’étais autrice et illustratrice et que je venais leur refourguer mon projet de livre. Quant à mon petit book relié et imprimé, ils évitaient soigneusement de le regarder, comme ce petit papier qu’on vous distribue parfois dans le RER et qui pourrait bien vous coûter un euro si vous vous risquiez à le toucher.

Bien sûr, certains ont tout de même été polis, voire enthousiastes, mais ce n’est pas par ce salon ni par les contacts que j’ai pu avoir des maisons d’édition où j’avais publié que j’ai pu trouver un éditeur pour ce projet un peu hybride et fantasque, que les éditeurs ont souvent trouvé intéressant, mais trop difficile à classer.

J’ai un jour découvert un très beau livre jeunesse sur les arbres, Arborama de Lisa Voisard, publié chez Helvetiq, une maison d’édition internationale suisse que je ne connaissais pas. J’ai beaucoup aimé leur catalogue et leur démarche, en particulier leurs livres documentaires ludiques et insolites, et je leur ai donc envoyé mon projet qu’ils ont accepté, puis publié sous le nom de Monstres en fleurs et traduit en allemand et anglais.

Monstres en fleurs, le premier livre illustré pour enfants que vous avez publié en 2024 permet d’entrevoir l’usage d’une « nouvelle langue » adaptée aux tout-petits. Comment avez-vous modelé cette langue ?

Claire Le Men : Je suis partie des textes que j’avais écrits pour moi (et mon « public Instagram ») et dans lesquels j’avais adopté une langue un peu naïve, qui partait d’une observation sans a priori de la plante et s’enrichissait ensuite de mes recherches sur les étymologies, les noms vernaculaires des plantes, leurs légendes, propriétés et caractéristiques… Pour la partie sur le « monstrenfleur », qui commence toujours par « si telle fleur était un monstre… », j’ai utilisé l’humour ou la poésie pour synthétiser ce qui avait été dit sur la plante, de façon drôle ou sensible.

Quand j’ai retravaillé mes textes et mes dessins en vue de la publication, il a fallu s’adapter au public ciblé (8-12 ans, mais finalement des adultes !) pour s’assurer que cela soit compréhensible (et pas trop long) : le regard de mon éditrice a été précieux pour cette étape. J’ai apprécié qu’ils n’aient pas dans cette maison d’édition, l’envie de faire des textes « trop simples » ou trop formatés, je me souviens d’une réunion avec le fondateur d’Helvetiq, dans laquelle il disait que les enfants ne doivent pas obligatoirement comprendre tout ce qu’on écrit dans les livres qui leur sont destinés. Je suis tout à fait d’accord avec cette idée : la lecture sert aussi à apprendre et on grandit de cette façon, en comblant les trous par la déduction et l’imagination.

Une autre contrainte pour la langue a été celle des traductions qui étaient prévues dès l’écriture en français : il fallait que les fleurs soient aussi présentes dans les pays anglophones et germanophones où le livre serait distribué et que les explications et interprétations sur l’étymologie fonctionnent dans ces langues ! Heureusement, et de façon très intéressante, on retrouve presque toujours les mêmes anecdotes autour des noms vernaculaires dans les différentes langues (ainsi le pissenlit qu’on appelle « dent-de-lion » en français, à cause de ses feuilles en forme de crocs, se dit « dandelion » en anglais ou encore « Löwenzahn » en allemand, ce qui est la traduction littérale).

Dans Monstres en fleurs, vous avez aussi opté pour des textes courts à structure répétitive

Claire Le Men : Oui, c’était le principe de cette série : pour chaque fleur, une partie plus documentaire et botanique, où l’on observe la plante sous toutes les coutures, et une partie plus imaginaire et narrative : « si telle fleur était un monstre, elle serait… ». C’est dans l’idée de pouvoir utiliser ce livre comme un guide de botanique ludique, en l’ouvrant simplement à la page de la fleur qui nous intéresse. Mais il est aussi pensé comme un tout qui peut se lire de façon chronologique puisque l’on suit les saisons et les floraisons sur une année entière et qu’entre chaque fleur et « monstre en fleurs », il y a des transitions et interactions, parfois sous forme de grand dessin sur une double page, ou encore de blague, petite BD ou jeu.

En collaboration avec l’auteur et traducteur canadien Jeffrey K. Butt, vous avez récemment publié Alors on dort, un livre jeunesse illustré sur le sommeil. Quelle est la genèse de ce livre ?

Claire Le Men : C’était une proposition d’Aude Pidoux, l’éditrice d’Helvetiq, avec laquelle j’avais travaillé pour Monstres en fleurs. Jeff avait déjà traduit plusieurs livres pour Helvetiq, dont Monstres en fleurs, et avait confié à Aude son envie d’écrire également en tant qu’auteur. Aude croyait beaucoup en l’intérêt d’un livre documentaire sur le sommeil, car s’il existe beaucoup de livres pour inviter les enfants à aller dormir, il n’y en a pas tant pour leur expliquer pourquoi et comment on dort… Je venais d’avoir un enfant quand elle m’a envoyé le projet de livre sur le sommeil que Jeff avait rédigé : le sujet du sommeil était donc devenu essentiel dans ma vie ! J’ai été convaincue par les idées et les chapitres que Jeff prévoyait de développer, avec beaucoup d’originalité et d’humour et c’est ainsi que j’ai illustré le livre.

De quelle manière avez-vous collaboré avec Jeffrey K. Butt pour concevoir ce livre jeunesse illustré ?

Claire Le Men : Nous avions d’abord une sorte de table des matières très détaillée avec les sujets que Jeff allait traiter, quelques exemples de livres documentaires qu’Helvetiq avait déjà publiés pour un public du même âge, tel que Mes lunettes super chouettes, un livre qui était un peu le « tout sur les lunettes » et notre projet alors appelé « sleepbook » devait être le « tout sur le sommeil ». Nous avons aussi échangé des idées assez librement avec Aude, l’éditrice, et la proposition d’ajouter des pages de BD avec des personnages récurrents pour introduire les chapitres est arrivée à ce stade. Jeff a écrit les dialogues de ces BD, et je les ai mis en scènes. De même pour les chapitres, j’ai suggéré des crayonnés pour mettre en image ses textes et nous échangions tous les trois après chaque envoi. Tout a été fait à distance, puisque Jeff habite à Terre-Neuve au Canada, Aude en Suisse et moi dans le Finistère… Nous avons échangé principalement en anglais puisque Jeff a écrit le livre dans sa langue maternelle et que sa sortie était prévue aussi en anglais (ainsi qu’en français et allemand).

Malheureusement, le livre n’est pas encore sorti dans sa langue originale, il a d’abord été traduit en français, puisque la sortie aux États-Unis n’est finalement pas prévue pour cette année. La traduction était un peu laborieuse, car il y avait beaucoup de jeux de mots qui ne se traduisaient pas forcément bien en français et nous avons aussi pu faire des suggestions à ce dernier stade, afin que les blagues marchent tout de même avec les dessins pensés pour la langue originale.

Dans Alors on dort, on retrouve avec contentement certains choix graphiques présents dans vos précédentes bandes dessinées : phylactères en couleurs, refus sporadique du réalisme dans la représentation des carnations de peau humaine… D’où vient ce besoin de transposer en bandes dessinées et albums des modes de représentation propres à la peinture ?

Claire Le Men : Ce sont des habitudes et codes que j’ai gardés de mon deuxième roman graphique Nouvelles du dernier étage : chaque nouvelle se concentrait sur un personnage avec sa façon singulière de voir le monde, et chaque nouvelle était donc teintée de son propre univers coloré (y compris la peau). Je trouve que c’est plus harmonieux de traiter les phylactères de la même façon que le dessin lorsqu’on travaille principalement à l’aquarelle, comme je le fais. Et le fait de les colorer de la même couleur que le personnage associé rend aussi la lecture plus fluide : on sait facilement qui parle même si les bulles ne sont pas toujours claires… Brecht Evens s’est même affranchi des phylactères en colorant simplement ses lettres de la même teinte que ses personnages multicolores et ses pages sans bulles sont donc plus légères, elles deviennent presque des tableaux.

En fait, quand j’ai découvert avec ses albums qu’on pouvait s’affranchir à ce point de la réalité, même en bande dessinée, cela a été très libérateur. Je trouve qu’on voit dans un livre quand son auteur s’est amusé à le dessiner : si on aime les motifs, il faut faire des motifs comme le fait Brecht Evens, si on préfère les aplats pour profiter pleinement de la couleur (ce qui est plutôt mon cas), il faut faire des aplats. Et si on n’aime pas les décors, il ne faut pas se forcer à en faire, mais trouver des solutions astucieuses pour les évoquer simplement… Ainsi je représente souvent mes personnages avec les couleurs que j’aime travailler. J’ai dans ma palette une sorte de bleu lavande que j’adore et qui offre des teintes très variées en fonction de sa dilution : mes personnages sont donc le plus souvent de cette couleur, car je trouve que les nuances sont plus belles et plus faciles à travailler et reproduire que lorsque je fais une peau blanche par exemple. Depuis quelques années, j’ai découvert une couleur incroyable chez mon fournisseur d’aquarelle préféré : le « blue ridge violet hematite » : elle est fabriquée avec des pigments naturels des montagnes Blue Ridge en Virginie. Très concentrée en hématite, cette aquarelle a un aspect marron très intense et mat quand elle est au plus opaque, et quand on la dilue, elle donne des nuances imprévisibles de violet, bleu et gris : ce petit godet, venu des États-Unis, a changé mon rapport au marron et je n’attends plus de devoir dessiner un champ labouré ou des chaussures en cuir pour l’utiliser dans mes dessins !

Pour la carnation de la peau, le fait d’utiliser des couleurs illimitées et irréalistes évite aussi de représenter tous ses personnages de la même couleur de peau que soi, ce que l’on a tendance à faire sans même s’en rendre compte si on n’y prête pas une attention particulière.

Votre actualité culturelle est également constituée d’un feuilleton graphique que vous publiez avec l’historienne de l’art Ségolène Le Men. Comment est né ce projet ?

Claire Le Men : Oui, je travaille en ce moment avec ma mère sur une série éditoriale « à quatre mains » pour le magazine du musée d’Orsay ! Ma mère, Ségolène Le Men, avait déjà été un personnage important de mon troisième roman graphique sur l’art, Mon musée imaginaire (éditions La découverte, 2023) et le lancement de cette BD avait été organisé au musée d’Orsay lors d’une conférence dessinée puisqu’une bonne partie des œuvres de mon musée imaginaire se trouve dans ce musée (c’était aussi l’occasion de « rattraper » la fameuse conférence dessinée sur les monstres de Chauveau qui n’a jamais eu lieu à cause du covid). J’avais à cette époque rencontré la personne responsable du site du musée d’Orsay pour les enfants (« Les petits M’O », dont le contenu est vraiment riche) et évoqué différentes pistes de collaborations sans les finaliser et c’est ainsi que cette personne, maintenant responsable du magazine en ligne du musée, nous a contacté pour nous proposer de travailler ensemble sur une série d’articles.

Pour ma mère et moi, c’était l’occasion rêvée de reprendre nos échanges autour de l’histoire de l’art qui avaient débuté avec Mon musée imaginaire et nous avons été très enthousiasmées par cette idée. J’étais juste un peu stressé de devoir gérer son rapport aux deadlines, beaucoup plus détendu que le mien, puisqu’elle est à la fois à la retraite et engagée dans de nombreux projets, elle a en permanence plusieurs articles en retard à rendre… Mais cela vaut la peine, car j’apprends beaucoup de cette collaboration avec ma mère (en histoire de l’art et en management !) et sans ce cadre, nous n’aurions pas l’occasion de parler formellement de tous ces sujets qui me passionnent.

Publié sur le site internet du Musée d’Orsay, ce feuilleton graphique vous a permis de reproduire sous forme de dessin plusieurs œuvres de Seurat, que vous aimez depuis l’enfance…

Claire Le Men : Oui, ce feuilleton accompagne une des expositions du moment « L’art est dans la rue » (que je recommande vivement !), sur l’essor de l’affiche dans la deuxième moitié du XIXe siècle. L’idée était, par le biais du magazine, de mettre en avant des œuvres et artistes des collections du musée d’Orsay qui ne se trouvaient pas forcément dans cette exposition, mais qui y sont liés parce qu’ayant œuvré dans le domaine de l’affiche ou s’en étant inspiré.

Le premier épisode porte donc sur Cirque de Seurat, ultime œuvre de ce grand peintre mort à 31 ans seulement, et explique entre autres l’intérêt de Seurat pour les spectacles de la vie parisienne, l’univers du cirque et du café-concert. Cet univers est à l’origine d’un grand nombre d’affiches et d’images que Seurat a collectionnées. Ma mère, qui a écrit un livre sur ces thèmes, Seurat et Chéret : le peintre, le cirque et l’affiche, Presses universitaires de Paris Nanterre, 2025 (éd. 1993 et 2003 revue et complétée), analyse dans l’article ce que Seurat a retenu des affiches de Chéret pour son tableau Cirque. On peut en effet retrouver le langage de l’affiche de Chéret dans le tableau de Seurat : l’utilisation d’images-mots qui fonctionnent comme des pictogrammes, la présence de fonds gradués, une technique utilisée par Chéret dans ses lithographies en couleurs, ainsi que l’usage de lignes et arabesques.

Ça a été l’occasion de plonger dans les détails de cette œuvre que j’avais déjà représentée dans Mon musée imaginaire, mais également dans les détails de Parade et Chahut, les deux volets précédents de ce triptyque des spectacles de la vie parisienne qui s’achève avec Cirque, et que je n’ai jamais vus puisqu’ils sont respectivement à New York et Otterlo…

Quelle œuvre de Georges Seurat auriez-vous aimer créer ?

Claire Le Men : Parce qu’elle se trouve dans mon musée imaginaire depuis l’enfance et que je m’y sens personnellement attachée et parce que je l’ai encore plus admirée et mieux comprise à l’occasion de cet article dessiné, je dirais Cirque !

Sur la scène culturelle contemporaine, quels sont les héritiers de Seurat ?

Claire Le Men : Si on considère Seurat en tant que jeune artiste fondateur du néo-impressionnisme, un mouvement qui a révolutionné l’usage de la couleur en peinture, on pourrait dire pour reprendre mon exemple précédent que Brecht Evens est un héritier de Seurat en bande dessinée contemporaine dans le sens où il a également révolutionné l’usage de la couleur dans ce médium dès ses premiers albums, et déconstruit certains codes comme je l’expliquais pour les phylactères et les cases, comme Seurat qui lui, s’attachait à peindre les cadres de ses tableaux, une sorte de cadre dans le cadre…

Quel bilan tirez-vous de ce projet de feuilleton graphique ?

Claire Le Men : Je redécouvre grâce à ce projet mon intérêt pour l’histoire de l’art et la peinture, ainsi que l’admiration que j’ai pour les recherches de ma mère, que je ne pense pas suffisamment à interroger et lire. J’habite dans une région vraiment isolée maintenant et j’ai moins souvent l’occasion d’aller au musée, mais comme pour Mon musée imaginaire, je m’aperçois avec bonheur qu’on peut également s’immerger dans une œuvre picturale grâce aux reproductions facilement disponibles aujourd’hui. Je trouve très nourrissant et stimulant de découvrir plus dans le détail ces artistes qui ont toujours été présents autour de ma mère (Seurat, Chéret, Toulouse-Lautrec…), grâce aux échanges que nous avons au téléphone pour préparer les articles et à la documentation qu’elle m’envoie pour mes dessins. J’aime les ponts qui se font grâce à ses explications, comprendre comment une image est nourrie de tout un contexte… J’adore trouver des solutions pour illustrer ces concepts en images synthétiques. Et comme toujours, redessiner une peinture me permet de mieux la comprendre.

Avez-vous d’autres projets en perspective ?

Claire Le Men : Je termine en ce moment un manuscrit sur la maternité et la naissance, qui pourrait être dans sa forme hybride entre texte littéraire et essai réflexif, une sorte de suite au Non-événement, le livre dans lequel je parlais de fausse couche.

Mais ce projet de feuilleton graphique avec le musée d’Orsay me redonne envie de travailler en dessins, autour de l’histoire de l’art. Je me suis fait la réflexion en visitant une exposition, où l’on trouve souvent un dépliant pour les adultes et un autre pour les enfants très didactique et efficace, que l’on pourrait faire un dépliant « intermédiaire », qui synthétiserait l’exposition en une courte BD que l’on pourrait rapporter chez soi… C’est une idée en l’air et je n’ai aucune piste pour cela, d’autant plus que mes projets lointains se trouvent repoussés encore plus loin par l’arrivée prochaine de mon congé maternité, mais je garde ce petit rêve dans un coin de ma tête, on verra s’il se concrétise un jour !